« Péter plus haut que le trou »

L’égo « égo » est le plus connu. C’est la personne qui se pense supérieure aux autres et qui se permet plein de choses. Car pour elle, les règles normales ne s’appliquent pas. Elle aura tendance à être hautaine, se tenant juste avec des personnes de son « calibre », « l’élite », les autres ne méritant pas son attention. Elle aura le jugement facile, les autres étant insignifiants, et peu méritent son attention. Ce sont généralement les autres qui ont tort, rarement elle. Ce sont des personnes qui vont collectionner les choses (voitures, vêtement de luxe, voyages), car elles se valorisent beaucoup avec leurs trophées, statuts. réalisations, conquêtes et réseaux de contact. Pour elles, tout est possible, le monde est à leurs pieds, et tout leur est dû.

L’égo « égo » est dangereux car il nous sépare des autres. Il nous fait croire qu’on est différent et supérieur, qu’on a des droits que les autres n’ont pas.

La fierté est très positive quand elle est vécue équitablement : on prend la place qui nous revient, sans écraser les autres. C’est simplement de connaître notre valeur et la faire rayonner, sans porter ombrage aux autres.

« Pourquoi moi? », « Je ne le mérite pas »

L’égo « inférieur » est l’inverse. Ce sont des personnes qui auront tendance à se sentir moins bonnes que les autres, avec parfois le sentiment de vivre dans une classe « inférieure » de la société, une classe au service des autres qui n’a pas le droit au bonheur, à l’émancipation, à la réalisation personnelle. Elles ont peu confiance en elle, ont de la misère à prendre leur place ou à s’exprimer, car « qui sont-elles pour qu’on s’intéresse à elles »? Ce sont des gens dont la confiance n’a pas été valorisée dans leur éducation, ou qui l’ont perdue suite à des traumas, violences ou abus. Elles vont s’assurer que les autres soient heureux, donner beaucoup, recevoir peu. Elles vont se dédier corps et âme à leur famille, en oubliant de prendre soin d’elles. Elles vont vivre « entre l’arbre et l’écorce », vont s’effacer, jusqu’à s’oublier. Le bonheur est pour les autres.

L’égo « inférieur » est dangereux en ce sens qu’il empêche la personne de réaliser son plein potentiel.

«  Sauver le monde »

L’égo du « sauveur » est différent des deux premiers car il part d’une bonne volonté : on veut profondément aider, faire une différence, sauver les gens. On le voit souvent chez les entrepreneurs « sociaux » ou ceux et celles qui recherchent leur mission de vie (leur « vide intérieur » les pousse à en faire trop).

Le problème vient de notre désir de faire une différence, tellement puissant qu’on se lance dans tout et dans rien et qu’on perd la notion du gros bon sens.

Si on prend l’exemple d’un avion dont la cabine se dépressurise, une personne de type « égo du sauveur » se sentira en mission : sauver les passagers. Il n’hésitera pas à embarquer sur les gens pour leur mettre leur masque, passer dans toutes les rangées, bousculer l’hôtesse de l’air, faire tomber des bagages dans l’allée… bref, il foutra la merde. Et quand l’hôtesse lui dira de se calmer et de retourner s’assoir car il nuit à son travail et donc met les passagers en danger, il n’acceptera pas le commentaire. Comment peut-il être dans l’erreur? Il vient de « sauver » 10 personnes! 

L’égo du « sauveur » nous amène aussi à acheter / créer des choses beaucoup trop complexes pour nos besoins réels, car on voit grand et on refuse de commencer petit : ça ne va pas assez vite et ne sauve assez de gens! On fonce tête baissée, refusant de voir les dommages qu’on fait. Car si dommages il y avait, ça voudrait dire qu’on est dans l’erreur, alors qu’on est sincèrement convaincus de faire du bien.

Ce sont aussi des personnes qui vont « forcer » les autres à évoluer, à changer, car elles sont convaincues que c’est la voie à suivre, qu’ils se sentiront mieux après. Mais ce faisant, elles oublient de respecter le rythme et le libre arbitre de l’autre. Ce sont des thérapeutes qui vont se donner corps et âme pour leur patients, prenant sur eux leurs blessures, traumas, peurs, et prenant sur eux la responsabilité de la guérison de l’autre.

Finalement, l’égo du « sauveur » est souvent accompagné d’un égo « inférieur » ou blessé caché à l’intérieur. Le « sauveur » décide de se prendre en main, de faire quelque chose. Mais lorsqu’il est confronté au fait que son projet ne fonctionne pas / qu’il doit s’arrêter, il le vit comme un puissant échec. Il tombe alors souvent dans une spirale d’égo « inférieur » où il ne se sent plus à la hauteur de quoi que ce soit, et veut s’effacer, retourner entre l’arbre et l’écorce. Certaines personnes vont ainsi refuser coûte que coûte d’arrêter ou de laisser aller un projet ou une croyance, car elles ne peuvent faire face au vide qui s’ensuit. 

L’égo du « sauveur » est dangereux car il nous amène à nous créer un schème mental puissant qui justifie la totalité de nos actes, bons ou mauvais, nous empêchant de faire face à la réalité : on en fait trop!

«  Moi je travaille dans la lumière », « Moi je suis connecté à mes guides », « Moi j’entends », « Moi j’ai réponse à toutes les questions », « Moi j’ai des dons »

L’égo spirituel est à mon sens encore très peu connu, et profondément sous-estimé. Quand on découvre qu’on perçoit l’invisible, qu’on entend ou qu’on voit, on passe tous par le même chemin égoïque de se dire « Moi je suis différent, moi je vois, moi j’entends, moi j’ai des dons ». Et on tombe tous dans un sentiment de supériorité, un peu à l’image de l’égo « égo ».

Mais on doit sortir de cet état. Le corps humain est FAIT pour percevoir l’invisible : quiconque émet le désir d’ouvrir et améliorer ses sens pourrait très bien nous dépasser. Il ne s’agit donc pas de « dons » (notion d’élite), mais plutôt de sens plus ou moins développés. Et on n’est pas « meilleurs » que les autres, on a juste réussi à les ouvrir et on a appris à les utiliser.

L’égo spirituel vient aussi avec une hyper confiance. La personne qui entend l’invisible pourra très facilement dire « qu’elle a réponse à tout » (car elle est connectée et peut obtenir des réponses à n’importe quelle question). Mais si elle ne s’ouvre pas au fait que comme n’importe qui d’autres, elle peut se faire piéger par les âmes errantes, elle deviendra une médium qui relaie des messages sans en avoir validé la véracité (source fiable), ce qui peut créer d’énormes dommages chez la personne qui les reçois.

L’égo spirituel s’infiltre aussi dans nos relations interpersonnelles. Étant donné qu’on est « connectés », on croit mieux comprendre la situation, car « nous » on a des infos que l’autre n’a pas. Quand le conflit s’installe, on se place en position de supériorité (« nous » on sait), et c’est donc l’autre qui a tort, qui ne comprend pas, qui a quelque chose à régler.

Une personne en égo « spirituel » va ainsi ignorer la perception et l’opinion des autres. Elle se sent « invincible » dans sa perception de la vérité.

Quand un client nous dit qu’on a fait une erreur ou que le message transmis était faux, on lui rétorquera que c’est impossible. Que c’est son égo qui réagit au message, qu’il a de la misère à accepter la « vérité », et qu’il a quelque chose à comprendre de tout ça. Bref, que c’est lui qui est dans l’erreur, car « nous », on a juste transmis la vérité.

Enfin, l’égo spirituel crée un clivage entre les gens, alors qu’il nous place parmi les « éveillées », alors que les autres font partie des « endormis ». Le terme en lui-même est réductif : « nous » on a compris, eux dorment encore.

L’égo spirituel est dangereux car il nous fait baisser nos gardes, croire qu’on est supérieur aux autres, qu’on détient la vérité et qu’on ne peut pas se tromper, car nous on est « connectés ».

L’égo au service de l’âme

L’égo puissant c’est savoir accepter les autres comme ils sont, avec leurs forces et faiblesses, et savoir s’accepter soi-même, avec nos forces et nos faiblesses. C’est savoir reconnaître nos bons coups sans les pavaner, et accepter qu’on puisse faire des erreurs, sans se taper sur la tête. C’est savoir qui on est ni inférieur, ni supérieur, et savoir prendre sa place, sans empiéter sur celle des autres. C’est savoir ce qu’on a à offrir, sans l’imposer, et savoir se retirer quand notre présence n’est pas nécessaire. C’est être en équilibre avec soi et avec les autres. C’est s’ouvrir à la beauté du monde, découvrir et apprendre à aimer la diversité. C’est avancer à notre rythme, sans compétition, et reconnaître et accepter le rythme de l’autre. C’est célébrer la beauté de chaque personne, et surtout célébrer la nôtre. 

L’égo puissant nous permet de réaliser notre véritable nature, d’exprimer toute notre lumière, et d’aider les autres à exprimer la leur. C’est un égo à l’écoute de l’autre, et fier de soi-même.

Lisez les exemples ci-bas pour voir dans chaque situation, comme l’égo puissant s’exprime.

Voici un petit jeu questionnaire!